Sur-réactivité médiatique : Hollande dans les pas de Sarkozy

François Hollande l’avait promis. Lui président, il ne serait plus question de course frénétique aux basques de l’actualité. Lui président, le gouvernement ne légiférerait plus après chaque fait-divers tragique. Lui président, il ne récupérerait pas les drames intimes pour faire son beurre politique. Six mois après son élection, en berne dans les sondages, François Hollande a pourtant repris les recettes de Nicolas Sarkozy.

Au-delà des péripéties du Fouquet’s et du bling-bling, c’est la soumission de Nicolas Sarkozy au tempo de la machine à broyer médiatique qui a détérioré l’image du précédent président de la République. Un dirigeant politique n’a pas vocation à perpétuellement rebondir sur les scoops des journalistes. Être le figurant du story-telling des chaines d’information en continu est indigne du premier des Français.

Au cours de la campagne présidentielle, François Hollande avait bien perçu cette demande des Français à un peu plus de fond et à une moindre confusion entre agendas politiques et journalistiques. Redonner ses lettres de noblesse à la politique en reprenant le contrôle de la parole publique et en soumettant les médias aux indispensables temps longs de l’action politique. Une remarquable promesse de campagne… que le président de la République aura tenu six mois.

Mais après une rentrée cataclysmique et une dégringolade sans précédent dans les sondages, François Hollande revient finalement aux vieilles ficelles sarkozystes de la sur-réactivité à l’actualité. Tiré dans un premier temps, presque malgré lui, par Manuel Valls à Eschirolles après le meurtre sauvage de deux adolescents, le président de la République a pris goût aux montées d’adrénaline du direct.

Aiguillé par les sondages qualitatifs qu’il a finalement commandé ? Toujours est-il que François Hollande a pris le taureau de l’actu par les cornes après le décès d’un nouveau-né dans le Lot sur la route de la maternité. Et de promettre des lois après ce fait-divers. La politique de santé de la France ne saurait dépendre d’une mort, pour tragique qu’elle soit. La réponse politique à donner aux déserts médicaux ne peut pas se faire sereinement sous la pression des caméras et dans l’émotivité d’un drame personnel.

Si François Hollande peut espérer des retombées à court terme de son nouvel activisme face caméra (la page de l’anti-sarkozysme est définitivement tournée), c’est la fonction présidentielle qu’il dégradera sur le long-terme… comme l’avait fait son prédécesseur.

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