Benoît XVI vs François : de l’inutile dialectique médiatique

« Inutiles et incertains ». C’est en ces mots que Pascal décrivait la pensée cartésienne. Aux mêmes maux, les mêmes remèdes s’appliquent au traitement médiatique de la succession de Benoit XVI par François… Englués dans leurs certitudes et leurs schémas des pensée, les journalistes peinent à sortir d’une grille de lecture du réel totalement inopérante.

Qu’il serait bon de pouvoir traiter de toutes choses comme s’il s’agissait d’une législative partielle à Pétaouchnok ! Dès l’annonce du renoncement de Benoît XVI, les journalistes de tous pays se sont mis en quête de son successeur idéal.

Idéal selon leurs canons, qu’on s’entende ! Et nous avons eu droit aux experts auto-proclamés de la curie dont le flot d’inepties déversée pendant les jours séparant les deux pontificats n’est perceptible qu’au regard de l’élection inattendue de Jorge Mario Bergoglio.

Difficile pour la classe médiatique de ne pas appliquer les mêmes méthodes racoleuses qu’ils ne le font le soir d’une élection ; décrypter les rapports de force et les oppositions idéologico-tactiques. Une posture marketing qui ignore totalement la dimension spirituelle que revêt pour les chrétiens, et en premier lieur les cardinaux-électeurs l’élection du Saint-Père.

Hélas, l’ignorance manifeste de la majorité des journalistes couvrant l’évènement se double d’une idéologie qui ne dit pas son nom. Le Vatican serait déchiré entre « progressistes » et « conservateurs ; les tenants du secret et d’une Eglise obscurantiste contre les défenseurs d’un catholicisme moderne et ouvert sur le monde.

« Wishful thinking » comme disent les anglo-saxons… Mais pensée magique qui, à force d’être inlassablement infusé chez les lecteurs, téléspecateurs, auditeurs, internautes, n’en devient pas moins une vérité… en tout cas dans la perception que se fait le monde extérieur de l’Eglise catholique.

Réacs contre modernes ou l’indécrottable propension du monde médiatique à réduire le monde à des oppositions manichéennes et factices. Et dans le rôle du réac, les médias ont immédiatement désigné le vieux pape émérite qui, pêché mortel, n’a jamais été télégénique.

Et les journalistes de s’enticher (hélas temporairement tant la bête médiatique a besoin pour survivre de brûler chaque jour ses idoles de la veille), le pape François, héritier (du moins par le nom) de l’un des Saints les plus compatibles avec la modernité (écologie, dialogue avec l’Islam, voeu de pauvreté).

Rien à faire si l’Eglise vit depuis deux mille ans dans les pas de Saint-François, bien loin de l’hypocrisie de ceux qui prêchent la morale sans la vivre. Rien à faire surtout si en-dehors de leurs personnalités propres, il n’y a pas l’espace d’une feuille de papier à cigarettes entre Benoît XVI et François.

Que ce soit sur les questions doctrinales ou sociétales, les deux souverains pontifes maintiennent inchangées la ligne de l’Eglise… pourtant si violemment dénoncée par la meute journalistique pour qui les priorités de l’Eglise devraient aller au préservatif, à l’avortement, au mariage des prêtres et au sacerdoce pour les femmes.

C’est justement qu’ils rêveraient de cette Eglise ONG que François a si justement dénoncée dans sa première homélie.

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