Kassav’ : Le travail du groupe étudié dans le cadre d’un colloque international sur le zouk

Le groupe Kassav' lors d'un concert au Zénith en 2013

 

Le travail du groupe Kassav’ a fait l’objet d’une étude lors d’un colloque international sur le zouk, qui s’est déroulé les 19 et 20 juin en Martinique. Il a réuni de nombreux chercheurs venus de plusieurs pays dont le Cameroun, le Japon, les Antilles et la France hexagonal.

Rendre à Kassav’ ce qui est à Kassav’

Quarante ans de scène, des tournées dans plus de 70 pays, 16 albums et des disques d’or, c’est le bilan à l’heure actuelle du groupe Kassav’. Ce n’est pas donné à tous les groupes de musique. En plus son influence est énorme sur le zouk, tel qu’on le connait aujourd’hui. Pourtant, la joyeuse bande qui réunit des Guadeloupéens et des Martiniquais est largement mésestimée. Des chercheurs venus du Japon, des Antilles, de la France hexagonale ou encore du Cameroun veulent donner à Kassav’ ce qui est à Kassav’. C’est pourquoi, ils ont organisé un colloque international, en Martinique du 19 au 20 juin dernier, autour du thème « Le zouk : trajectoires, imaginaires et perspectives ». Deux membres du groupe [la charismatique chanteuse Jocelyne Béroard et le cofondateur de Kassav’ Pierre-Edouard Décimus] ont été associés à cette étude de reconnaissance.

Le zouk, une identité

Si Kassav’ n’a pas inventé ex nihilo le zouk, il a largement contribué à en faire un genre musical à partir entière. En effet le zouk prend ses racines dans les musiques traditionnelles de la Guadeloupe (le gwoka) et de la Martinique (le bèlè). Il est le fruit de multiples influences, parmi lesquelles la merengue latine, le konpas haïtien, le jazz, le rock, le funk ou encore la salsa. Kassav’ a récupéré tout ça et en a fait un genre qui fait recette depuis 40 ans. Le groupe a produit de nombreux albums et presté dans plusieurs salles mythiques dont le Zénith de Paris et le Stade de France. Pour Corinne Mencé-Caster, agrégée d’espagnol, docteur en sciences du langage et professeure des universités à Paris IV-Sorbonne « Kassav’ est un ciment intergénérationnel ».

Le zouk est avant une identité selon Gérald Désert, enseignant-chercheur à l’université des Antilles et organisateur du colloque. Il rappelle à juste titre que « Les Jamaïcains se distinguent par le reggae et le dancehall, les Brésiliens ont lancé la samba, les Cubains, puis les Portoricains et les Colombiens, la salsa, tandis que les Antilles françaises, c’est le zouk ».

Kassav’ et engagement politique

Kassav’, qui passe à tort pour une musique folklorique en France hexagonale, est aussi et surtout l’expression d’un combat pour la dignité humaine. Le groupe mené par Jacob Desvarieux a ainsi écrit des textes engagés sur l’esclavage (An ba chen’n la), la négritude (Siwo) ou le Bumidom c’est-à-dire l’émigration des travailleurs antillais vers l’Hexagone (Ola ou yé (Eva). « Leur musique donne à entendre des réalités postcoloniales, à la fois pour les populations antillaises et pour la France métropolitaine », analyse Jérôme Camal, qui enseigne au département d’anthropologie de l’université du Wisconsin-Madison.

Kassav’ et poésie

Kassav’, c’est en outre la manifestation de la poésie et de l’imaginaire en langue créole, en complémentarité des courants littéraires comme la négritude de Césaire et Senghor ou la créolité de Chamoiseau. « On dit souvent que le créole n’est pas une langue. Mais par son travail de création, de construction, de métaphore, Kassav’a réussi à tout dire en créole, ils ont parlé de l’intimité, l’histoire… », se réjouit Corinne Mencé-Caster, qui intervient en tant que linguiste au cours du colloque.

 

 

 

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