Un nouveau rapport dénonce le décrochage démocratique de la France depuis 2017, marqué par de nombreuses restrictions visant notamment les organisations de défense des droits humains.
Alors que le système judiciaire français fait l’objet d’une offensive de la part d’une certaine classe politique après la condamnation de l’ancien président Nicolas Sarkozy pour « association de malfaiteurs » dans l’affaire du financement libyen, un constat vient conforter les inquiétudes quant au rétrécissement démocratique du pays.
Dans un rapport intitulé « France : démocratie en décrochage », la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) tire la sonnette d’alarme sur ce qu’elle qualifie de « dégradation profonde et structurelle » des libertés publiques dans l’Hexagone depuis 2017.
Le document, publié jeudi 25 septembre 2025, évoque une « dérive illibérale », des entraves à la liberté de manifester ainsi que la stigmatisation des organisations de la société civile et des contre-pouvoirs démocratiques en général.
« Souvent perçue, à tort, comme étant à l’abri de ces tendances en raison de sa tradition républicaine et de son attachement proclamé aux droits humains, la France se distingue aujourd’hui par l’ampleur et la gravité des restrictions imposées aux libertés civiques », écrivent les auteurs, dont la Ligue des droits de l’homme (LDH) et l’Organisation mondiale contre la torture.
Un arsenal législatif au service de la restriction des libertés
D’après l’enquête, chaque crise sociale ou sécuritaire – des « gilets jaunes » aux manifestations contre la réforme des retraites, en passant par les mobilisations écologistes et les mouvements de solidarité avec Gaza – a servi de prétexte pour renforcer l’autorité de l’exécutif au détriment des libertés fondamentales.
La sortie de l’état d’urgence en 2017, instauré après les attentats de 2015, s’est ainsi accompagnée d’un tour de passe-passe législatif inquiétant, à en croire la FIDH. La loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme a notamment été intégrée dans le droit ordinaire des mesures exceptionnelles qui auraient dû rester temporaires.
De quoi inscrire « durablement l’exception sécuritaire dans le fonctionnement institutionnel ». Les visites domiciliaires et les assignations à résidence, initialement conçues pour la lutte antiterroriste, sont devenues des outils banalisés de contrôle social.
La guerre des mots pour décrédibiliser les contre-pouvoirs
Autre pierre angulaire de cet édifice répressif : la loi du 24 août 2021 « confortant le respect des principes de la République », communément appelée loi « séparatisme ». Officiellement destinée à combattre l’islamisme radical, elle offre en réalité aux préfets des pouvoirs considérablement élargis pour dissoudre des associations et groupements de fait.
Au-delà de l’arsenal juridique, le rapport souligne une stratégie de disqualification systématique par le langage. Les gouvernements successifs ont perfectionné l’art de stigmatiser les voix dissidentes en les assimilant à des menaces pour l’ordre républicain.
Le document pointe l’exemple des manifestations contre les mégabassines de Sainte-Soline ancrées par les autorités dans un registre de « criminalisation » avant même leur entame. La Ligue des droits de l’homme s’est également vue accusée de complaisance avec « l’islam radical » ou de complicité avec les « narcotrafiquants » par Gérald Darmanin alors ministre de l’Intérieur.