Une nouvelle étude révèle l’implication insoupçonnée de la presse audiovisuelle française dans la propagation de la désinformation climatique.
128 cas en trois mois, soit une prévalence d’environ dix cas par semaine. Si les médias traditionnels dénoncent généralement la désinformation circulant sur les réseaux sociaux, une récente enquête vient révéler qu’ils contribuent eux-mêmes à sa propagation.
Menée conjointement par les ONG QuotaClimat, Data For Good et Science Feedback entre le 1er janvier et le 31 mars 2025, l’étude démontre comment les vérités scientifiques concernant la problématique climatique sont manipulées dans l’audiovisuel français, nourrissant ainsi les intox.
Pour réaliser ce travail préparatoire à un rapport plus complet attendu en septembre prochain, les organisations initiatrices impliquées ont mobilisé l’intelligence artificielle. Ces spécialistes de l’analyse du traitement médiatique des questions environnementales s’en sont ainsi servies pour passer au peigne fin les contenus diffusés durant toute la période concernée.
« La prévalence de la désinformation est notable à proximité des grands moments politiques, comme la semaine de l’inauguration de Donald Trump ou durant les consultations pour des politiques publiques climatiques », souligne QuotaClimat sur son site internet.
Les véhicules électriques et énergies renouvelables
Parmi les médias les plus exposés, Sud Radio se distingue avec 40 cas de désinformation, suivie par CNews avec 26 cas. Le plus surprenant concerne la présence sur la liste du service public, France Info et France Culture ayant également été épinglées.
De fait, seule une minorité de chaînes et stations, dont TF1, RFI et France 24, sortent indemnes de ce monitoring aux résultats plutôt inquiétants à en croire Eva Morel, secrétaire générale de QuotaClimat.
« On pensait que ça allait être concentré sur une poignée de médias, et en fait, il se trouve que c’est plutôt l’inverse qui se passe« , a-t-elle dit dans des propos rapportés par le site d’information 20 Minutes.
Sur les 379 « narratifs favorisant l’inaction climatique » identifiés durant la période analysée, plus de 60% s’attaquent directement aux solutions existantes. Les véhicules électriques et les énergies renouvelables se retrouvent ainsi au cœur d’une campagne de dénigrement systématique.
L’Arcom face à ses responsabilités
« On exploite la peur de perdre son droit à la liberté de circuler en voiture pour dire n’importe quoi sur les ZFE (zones à faibles émissions)« , explique par exemple, Eva Morel, alors que la mauvaise compréhension de certains termes par les journalistes représente un terreau fertile à cette manœuvre.
Face à cette vague de désinformation, le rôle du régulateur devient crucial. L’étude pointe ainsi un manque de dissuasion efficace de la part de l’Arcom, la lenteur dans l’instruction de ses saisines et la faiblesse de ses sanctions.
Une lueur d’espoir émerge toutefois des récentes déclarations de Pauline Combredet-Blassel, directrice adjointe de l’institution. Cette dernière a affirmé dans Le Nouvel Obs que « nier le consensus scientifique sur le climat, sans contradiction, constituait désormais un manquement ».