Le constructeur d’iPhones est pressé par le président américain pour relocaliser sa production aux États-Unis, sous la menace de droits de douane punitifs.
Tim Cook aurait-il perdu de son influence auprès de Donald Trump ? Le PDG d’Apple, qui a longtemps fait des envieux parmi ses pairs dirigeants d’entreprise par sa capacité à ménager avec maîtrise les susceptibilités du président américain, se trouve actuellement en fâcheuse posture.
En effet, contre toute attente, le locataire de la Maison Blanche a brandi, vendredi 24 mai dernier, la menace de droits de douane contre le géant technologique californien si sa production de smartphones n’était pas rapatriée aux États-Unis.
« J‘ai informé Tim Cook d’Apple il y a longtemps que j’attends que leurs iPhone qui seront vendus aux États-Unis d’Amérique soient fabriqués et construits aux États-Unis, pas en Inde, ou ailleurs. Si ce n’est pas le cas, un droit de douane d’au moins 25% devra être payé par Apple aux États-Unis », a écrit Trump sur son réseau social Truth Social, ravivant le souvenir douloureux des taxes douanières sur la firme de Cupertino, dont le titre a d’ailleurs chuté de 3% en Bourse le même jour.
Comment expliquer ce revirement ?
Il y a à peine un mois, Tim Cook parvenait encore à jouer de son influence pour obtenir du chef de l’État américain une exemption d’un droit de douane de 145% sur les iPhone assemblés en Chine. Mais ce qui était alors salué par les analystes comme une victoire diplomatique d’envergure semble avoir fait long feu.
Plusieurs raisons possibles expliquent ce revirement de Trump. Il y a d’abord son « obsession » de faire relocaliser la production de smartphones de la marque à la pomme sur le sol américain. Cet objectif participe de son offensive pour, dit-il, faire retrouver aux États-Unis sa place de grand producteur industriel.
À cet effet, la nouvelle parue le même vendredi selon laquelle Foxconn, principal fournisseur d’Apple, prévoyait d’investir 1,5 milliard de dollars dans une usine en Inde pour la production d’iPhone sur place, est très irritante pour le président américain.
Pour Apple, l’accumulation des difficultés
Il y a ensuite la brouille entre les deux dirigeants, cristallisée lors du récent voyage présidentiel au Moyen-Orient. Contrairement à ses homologues Jensen Huang (Nvidia), Sam Altman (OpenAI) ou encore Larry Fink (BlackRock), Tim Cook aurait décliné l’invitation de la Maison Blanche, selon des révélations du New York Times (NYT).
De quoi passablement irrité Trump, qui a d’ailleurs publiquement pointé cette défection à Riyad, la capitale saoudienne. Pour Nu Wexler, ancien responsable des communications politiques chez Google et Facebook, « la relation très publique de Cook avec Trump s’est retournée contre lui ». « Cela a mis Apple en position de faiblesse car chaque mouvement, y compris une concession potentielle du président, est scruté à la loupe », indique ce spécialiste dans les colonnes du NYT.
Cette détérioration des relations avec Washington intervient à un moment où comme le relève le New York Times, l’entreprise traverse une période difficile marquée par plusieurs revers significatifs. En avril dernier, elle a ainsi subi une défaite cuisante lors d’un procès concernant l’App Store, le juge reprochant aux dirigeants d’Apple d’avoir « menti sous serment ».
À cela s’ajoute le recrutement de Jony Ive, son emblématique ancien directeur du design, par OpenAI dans le but de développer un potentiel concurrent à l’iPhone ; ou encore le retard criant de la société dans le domaine de l’intelligence artificielle.