La ministre de la Culture, qui peinait déjà à obtenir l’adoubement de son propre camp, voit ses chances s’amenuiser davantage avec son renvoi en correctionnelle dans l’affaire Carlos Ghosn.
Rachida Dati pourra-t-elle briguer la mairie de Paris ? Comme le soulignait Franceinfo mercredi, cette question taraude l’ensemble de la classe politique française depuis le mardi 22 juillet et le renvoi de la ministre de la Culture devant le tribunal correctionnel pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Renault.
Après plus de six ans de procédure, les juges d’instruction sont parvenus à cette conclusion, jetant une ombre sur les ambitions politiques immédiates de Dati, notamment sa candidature déclarée à la mairie de la capitale en mars 2026.
Si la date du procès n’est pas encore connue – elle sera fixée en septembre prochain –, il est peu probable qu’il se tienne avant les élections municipales selon Le Monde. La perspective d’une condamnation risque donc d’empoisonner la campagne électorale de la ministre.
Par ailleurs, comment envisager à la tête de la mairie de Paris une édile condamnée pour corruption, sachant que Rachida Dati encourt une peine d’inéligibilité avec application immédiate ? Un scénario difficilement acceptable tant pour Les Républicains – famille politique de la ministre – que pour Renaissance, qui l’a positionnée comme candidate.
Soutiens présidentiels mais des doutes dans les rangs
Au sein même de la majorité présidentielle, les soutiens s’effritent, même si celui du président Emmanuel Macron ne varie pas. D’après Franceinfo, le chef de l’État rappelle par l’intermédiaire de ses proches le principe de présomption d’innocence, quitte à renier ses propos de 2017 selon lesquels « un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu’il est mis en examen ».
Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a également apporté son appui à sa collègue, déclarant souhaiter « ardemment qu’elle soit maire de Paris ». Mais les cadres parisiens de Renaissance, déjà peu enthousiastes à l’idée de soutenir une transfuge des Républicains, voient dans cette affaire une opportunité de reprendre la main.
« Ce sera compliqué de faire campagne à la présidentielle de 2027 avec, parmi ses alliés, une maire de Paris condamnée pour corruption trois mois après les municipales », confie un cadre macroniste au Monde.
Une stratégie de défense offensive et polémique
Cette défiance s’étend également chez Les Républicains, où la loyauté de Rachida Dati est depuis longtemps questionnée. Elle fait ainsi face à une fronde interne orchestrée autour de la candidature de Michel Barnier dans la deuxième circonscription de Paris.
Face aux accusations, la ministre de la Culture a choisi la contre-attaque. Elle dénonce « l’instrumentalisation » de cette procédure et s’en prend directement aux magistrats, affirmant qu’ils « refusent de faire leur travail conformément au code de procédure ».
« Comment nos concitoyens peuvent-ils avoir confiance dans la justice quand des politiques viennent disqualifier les juges en les considérant comme des ennemis politiques et non des arbitres ?« , s’est interrogé Ludovic Friat, président de l’Union syndicale des magistrats, cité par Le Monde.