L’opérateur télécom essuie des critiques pour son nouveau service d’anonymat en ligne destiné à l’ensemble de ses abonnés, alors que les autorités tentent de restreindre l’accès des mineurs aux contenus pornographiques.
Depuis le 16 septembre, Free met à disposition de ses abonnés un service VPN entièrement gratuit intégré directement à leur forfait. Cette fonctionnalité, baptisée Free mVPN, s’inscrit dans l’offre de l’opérateur français, permettant à ses clients de bénéficier d’une protection renforcée de leur connexion internet mobile.
En tant que VPN (Virtual Private Network), il permet d’accéder à du contenu géobloqué en masquant la localisation réelle de l’utilisateur. Cela répond également à une demande croissante des consommateurs français. D’autant que selon une enquête de l’Arcom publiée en avril 2024, 15% des internautes hexagonaux utilisent régulièrement un VPN personnel.
Free estime par ailleurs à « plus de 40 % » la part des Français qui ont « déjà utilisé un VPN ». « Un VPN, ça ne devrait pas être un luxe réservé à quelques-uns. Alors on a décidé de l’intégrer à vos forfaits, directement et sans surcoût, comme l’illimité ou la 5G », indique Xavier Niel, propriétaire de l’entreprise.
Une volée de bois vert
L’homme d’affaires ne manque d’ailleurs pas d’en jouer, multipliant les allusions au service depuis son lancement, sur le réseau social X. Il a notamment répondu d’un simple « Oui » à un internaute qui lui demandait avec humour s’il pouvait désormais « retourner sur les sites de pétanque », référence détournée aux sites pornographiques récemment bloqués en France.
De quoi déclencher une volée de bois vert. Car ce service permet de contourner les systèmes de vérification d’âge récemment mis en place sur les sites pornographiques, ou encore d’accéder à des plateformes comme Pornhub qui ont choisi de bloquer leur accès en France plutôt que de se conformer aux nouvelles réglementations.
« Le déploiement d’un tel service par l’entreprise Free, à grande échelle, dès le jour de son annonce, soulève de sérieuses préoccupations au regard de la protection des mineurs en ligne et menace directement le respect des obligations légales imposées, à cette fin, à certaines entreprises« , écrit Thierry Sother, député socialiste, dans une lettre adressée à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), jeudi 18 septembre.
Une stratégie commerciale assumée
Olivier Gérard, coordinateur à l’Union nationale des associations familiales (Unaf), exprime son exaspération face à cette situation. « À nouveau, on renvoie la responsabilisation aux parents« , s’indigne-t-il, dénonçant une « ambiguïté » dans le discours de Free qui présente le VPN comme un outil de sécurisation tout en permettant de contourner les interdictions.
Free se défend en arguant que seules les personnes majeures peuvent activer cette option et que des dizaines d’outils VPN existent déjà légalement sur le marché. « Nous mettons à disposition une infrastructure, nous n’encourageons aucun usage en particulier« , assure Ombeline Bartin, directrice des relations extérieures d’Iliad, la maison mère de l’opérateur, citée par Le Monde.