Trump peut-il déplacer les matchs du Mondial 2026 ?

Donald Trump brandit la menace de retirer l’organisation de rencontres aux cités qu’il juge « dangereuses ». Un tel scénario paraît cependant hautement improbable vu les complexités juridiques et logistiques. Explications !

« Si nous pensons qu’une ville sera ne serait-ce qu’un peu dangereuse pour la Coupe du Monde… nous ne permettrons pas qu’elle s’y déroule, nous déplacerons un peu les choses« , a affirmé Donald Trump jeudi 25 septembre au Bureau ovale, en référence à certaines villes organisatrices du Mondial 2026, prévu aux États-Unis, au Canada et au Mexique.

Engagé dans une offensive migratoire marquée par des expulsions de migrants, le chef de l’État américain a justifié ses propos en évoquant des préoccupations sécuritaires, ciblant notamment des villes dont les administrations locales ont critiqué ses politiques d’immigration.

Parmi elles figurent Seattle, San Francisco et la région de la baie, Los Angeles, Boston, Philadelphie, Atlanta, Dallas et Kansas City, toutes dirigées par des maires démocrates. De telles déclarations ont suscité de vives réactions.

Bruce Harrell, maire de Seattle, a ainsi vivement dénoncé « l’ignorance » de Trump, rappelant auprès de The Athletic que la criminalité violente avait chuté de 20% dans sa ville et que près de 130 nouveaux policiers avaient été recrutés cette année.

Une autorité présidentielle purement théorique

D’autres édiles, de Boston à Philadelphie en passant par New York, ont réaffirmé leur engagement à garantir la sécurité de l’événement tout en dénonçant des menaces politiques qu’ils jugent sans fondement.

Une question émerge cependant : le président américain dispose-t-il réellement du pouvoir de mettre sa menace à exécution ? La réponse apparaît largement négative. Comme l’explique The Athletic, la Coupe du Monde appartient à la FIFA, qui a signé il y a plusieurs années des accords contraignants avec les villes hôtes.

Le gouvernement fédéral américain n’a joué aucun rôle dans la sélection des onze villes américaines retenues, aux côtés de trois au Mexique et deux au Canada. Trump ne peut donc pas annuler unilatéralement ces contrats et déplacer des matchs vers d’autres villes.

Certes, les contrats exigent des mesures robustes de sécurité publique, et l’instance dirigeante du football mondial pourrait théoriquement les résilier si elle jugeait une ville dangereuse. Mais une telle hypothèse reste irréaliste.

Une impossible relocalisation

À moins de neuf mois du coup d’envoi, déplacer des matchs relève de la pure fantaisie organisationnelle, même si Trump dispose de quelques leviers potentiels. Parmi eux figurent sa relation étroite avec le président de la FIFA, Gianni Infantino, qu’il qualifie de « grand ami », et les 625 millions de dollars de fonds fédéraux alloués par le Congrès pour la sécurité des villes hôtes.

Les villes sélectionnées ont en effet consacré des années à se préparer, investissant massivement dans les infrastructures et la logistique pour accueillir des milliers de visiteurs. Par ailleurs, la FIFA a fixé le calendrier complet, vendu des forfaits hospitalité pour des stades spécifiques et la billetterie est ouverte.

Surtout, selon une source proche de l’organisation citée par The Athletic, qui s’est exprimée sous couvert d’anonymat, les services d’Infantino auraient déjà informé les organisateurs locaux qu’ils ne procéderaient à aucune relocalisation de matchs.

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