Le nouveau plan budgétaire pour 2026 élaboré par le gouvernement prévoit la suppression de plusieurs centaines de millions d’euros d’aides publiques essentielles à la vitalité du secteur audiovisuel national.
Bien que le cinéma italien ait récemment rayonné sur la scène internationale, l’inquiétude grandit au sein du secteur. Depuis l’annonce par l’exécutif du budget 2026, c’est l’état d’alerte chez les professionnels, qui craignent de voir disparaître une ressource financière vitale pour leur activité.
Concrètement, le texte présenté aux parlementaires le 16 octobre prévoit un retrait de 150 millions d’euros du fonds de soutien dédié à la filière cinématographique et audiovisuelle, actuellement doté d’une enveloppe de 700 millions.
La réforme vise en particulier le dispositif du crédit d’impôt, élément central qui permet aux sociétés de production de récupérer jusqu’à 40 % de leurs dépenses, avec en perspective une nouvelle coupe de 50 millions en 2027.
Mis en place en 2008, le crédit d’impôt visait à relancer une industrie en perte de vitesse, alors pénalisée par le désengagement des investisseurs privés, une concurrence accrue sur le plan international et une production affaiblie face à l’essor de la télévision privée.
Un secteur vital secoué de plein fouet ?
« Les crédits d’impôt sont un outil qui existe dans presque tous les pays européens et ils sont essentiels pour financer les projets. Moins de projets seront réalisés, moins d’équipes travailleront, et beaucoup changeront de métier« , prévient Stefania Balduini, à la tête de Pistacchio Film, dans les pages de Reuters.
Les organisations professionnelles soulignent, dans une déclaration relayée par l’agence, que des dizaines de milliers de postes sont menacés dans une filière qui mobilise aujourd’hui près de 124 000 professionnels – qu’il s’agisse du cinéma, de la télévision ou de la radio – et qui se veut un pilier de l’économie et du rayonnement du pays.
Le paysage cinématographique et audiovisuel italien pèse près de 13 milliards d’euros annuels, représentant environ 10 % de l’ensemble du marché européen dans la branche. Cela en fait la troisième puissance du continent derrière l’Allemagne et la France, d’après Mediterranee-audiovisuelle.
Des enjeux de pouvoir et des soupçons de fraude
Pour les autorités, cette réduction budgétaire s’impose comme une réponse à différents abus, notamment au problème des “films fantômes”, ces réalisations fictives qui obtiennent des financements sans être véritablement produites.
Le ministre de la Culture Alessandro Giuli affirme ainsi que « le public ne peut plus financer des escroqueries ». Selon lui, toute reprise du financement devrait être précédée par un renforcement des contrôles.
Cependant, d’après Reuters, une branche du secteur perçoit ces coupes comme une opération guidée par des motivations politiques. Des voix dans la majorité gouvernementale reprochent au monde de la culture, et plus précisément au cinéma, d’être dominé par des sensibilités opposées à leur camp.