Le géant du commerce électronique prévoit une automatisation massive de ses opérations, susceptible de transformer radicalement son modèle d’emploi dans les prochaines années.
Selon des documents internes révélés par le New York Times (NYT), Amazon prévoit de remplacer plus d’un demi-million d’emplois potentiels par des robots dans les années à venir. L’objectif, d’après la même source, est d’automatiser à terme 75% de ses opérations.
Ce bouleversement concernerait principalement ses centres de distribution et entrepôts, où des milliers d’employés travaillent actuellement pour préparer, emballer et expédier les commandes. Une telle coupe marquerait un changement décisif pour le groupe basé à Seattle, dont l’influence sur le marché de l’emploi américain reste sans équivalent.
Fondée par Jeff Bezos et forte de près de 1,2 million de salariés – ce qui en fait le deuxième employeur du pays –, Amazon s’est imposée comme un moteur économique, offrant de réelles opportunités à des millions de foyers. L’effectif a d’ailleurs plus que triplé depuis 2018.
Mais cette époque semble désormais révolue, avec l’explosion de l’intelligence artificielle et ses promesses croissantes pour la productivité économique. À ce titre, la firme estime que cette automatisation massive pourrait lui permettre d’économiser plus de 12 milliards de dollars sur la seule période 2025-2027, à raison de 30 centimes par colis préparé et livré.
Shreveport, terrain d’expérimentation de l’automatisation
Dans ce contexte, le leader du e-commerce veut éviter l’embauche de quelque 600 000 travailleurs supplémentaires que nécessiterait le doublement planifié de ses ventes à l’horizon 2033, selon le New York Times. « Personne d’autre n’a la même incitation qu’Amazon à trouver le moyen d’automatiser« , observe Daron Acemoglu, professeur au MIT et lauréat du Nobel d’économie, dans les colonnes du grand quotidien new-yorkais.
L’entrepôt de Shreveport, ouvert en 2024 en Louisiane, incarne cette dynamique. Présenté comme le site « le plus avancé » du groupe, il sert de modèle à la prochaine génération de hubs robotisés, selon le même média. Avec 1 000 robots déployés, l’installation emploie déjà un quart de travailleurs en moins que sans automatisation, et devrait en utiliser moitié moins l’année prochaine.
Des répercussions sociales à surveiller
« Une fois qu’un article est dans un colis, un humain le touche à peine à nouveau« , résume le Times. Amazon prévoit de répliquer ce modèle dans environ 40 installations d’ici fin 2027, à commencer par Virginia Beach, et rénove déjà d’anciennes installations comme celle de Stone Mountain en Géorgie selon ce schéma.
Consciente des défis sociaux posés par ce programme, le groupe a développé une stratégie de communication soigneusement calculée pour masquer l’ampleur de son plan d’automatisation. Les documents internes révèlent que l’entreprise « envisage d’éviter d’utiliser des termes comme ‘automatisation’ et ‘I.A.’ lors de discussions sur la robotique, et d’utiliser plutôt des termes comme ‘technologie avancée' ».
Confronté à ces révélations, Amazon a rapidement réagi par voie de communiqué. L’entreprise a tenté de minimiser la portée de ces documents, affirmant qu’ils ne reflètent que « la perspective d’une seule équipe » et ne représentent pas la « stratégie globale d’embauche » du groupe.