Aides à la presse : 1,2 milliard pour lire quoi ?

1,2 milliard. C’est la somme que dépense l’Etat chaque année pour soutenir la presse, la vieille, la papier, celle qui ronronne, abrutit et moralise. Avec 20 millions d’Euros seulement, la presse en ligne ne touche que moins de 2% de cette somme. Telle est la conclusion du rapport parlementaire extrêmement critique récemment rendu par le député PS Michel Françaix.

Vous avez l’impression d’entendre trop parler du Monde, du Figaro, de Libé, de Télérama, du Nouvel Obs ? C’est normal. Et ça ne tient ni à la pertinence de ce qu’on peut y lire, ni à la remarquable efficacité du modèle commercial sur lequel ils s’appuient. Ces titres sont les principaux bénéficiaires des aides accordés par l’Etat pour soutienir la presse.
Aides étonnamment partisanes et mal réparties, note le député socialiste.

Plus de 700 millions d’Euros, soit 60% du total, permettent de financer les tarifs postaux réduits et bénéficient principalement aux magazines.

Est-il légitime qu’en des temps si difficiles pour les finances publiques, des magazines de pur divertissement tels que télé 7 jours (7,3 millions d’Euros par an) soient soutenus par l’Etat ? A l’évidence non, et c’est pourtant bien ce qui se passe, déplore le rapporteur.

Michel Françaix regrette également que le taux réduit de la TVA bénéficient à la presse traditionnelle et non à la « presse citoyenne » ou en ligne.

Notons en passant que, convaincus qu’ils sont de l’importance de leur mission, les journalistes de la presse papier, pas plus enclins que d’autres à dénoncer leurs propres privilèges, sont beaucoup moins virulent sur ces réductions de TVA que sur celle qui a bénéficié aux restaurateurs et qui, sous leur plume, n’a cessé d’être qualifiée de cadeaux de Sarkozy à son électorat.

“D’ici une dizaine d’années, peut-être moins, la presse quotidienne papier sera distancée par la presse en ligne ».

Pourtant, pendant que l’Etat continue à soutenir inconsidérément une presse moribonde et souvent déconnecté de la réalité,

La presse en ligne doit continuer à faire preuve d’ingéniosité pour survivre. Elle n’a reçu que 20 millions d’Euros l’année dernière. Et encore, au lieu d’aider les nouveaux-nés du net et de favoriser l’émergence d’une offre diversifiée, apparemment plus attaché à la conservation des privilèges acquis qu’au développement effectif de la liberté d’expression, l’Etat a dépensé un tiers de cette somme pour transformer les anciens journalistes en rédacteurs web des sites ouverts par les titres qui les emploient.

La lecture du rapport de Michel Françaix jette une lumière bien éclairante sur l’état de la presse française qui, à bien des égards, apparaît comme une entreprise subventionnée de désinformation générale.

La collusion entre le pouvoir et les grands médias, plutôt qu’un fantasme ou un procès d’intention, est bien une réalité dont souffre la France. “D’ici une dizaine d’années, peut-être moins, la presse quotidienne papier sera distancée par la presse en ligne », écrit le rapporteur.

Souhaitons qu’Inactuels.fr et d’autres contribuent à mettre fin à cette forme particulièrement scandaleuse de parole officielle qui ne dit pas son nom.

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