Femen : leçon de féminisme d’une porte-parole prostituée

Il serait absurde de réduire le féminisme du XXIè siècle aux acquêts des glorieuses générations passées. Le combat pour l’émancipation de la femme prend de nouvelles formes et s’inscrit dans de nouvelles logiques comme le démontrent chaque jour les Femen, qui exposent leurs corps nus pour faire évoluer les mentalités. Mieux, l’une des porte-paroles françaises de ce mouvement d’avant-garde est une escort-girl (prostituée de luxe) qui assume la pleine maîtrise de son corps. 

Les Femen sont des héroïnes des temps modernes, activistes féministes venues du froid (Ukraine) pour dénoncer la domination masculine en exhibant leurs seins comme symboles de leur liberté recouvrée. Elles se sont notamment fait connaitre en attaquant DSK, en dénonçant la prostitution (qui n’était pas de luxe) lors de l’Euro 2012 de football en Ukraine et en soutenant les Pussy Riot, autres modèles du féminisme contemporain.

Depuis quelques jours, les réacs de tous poils se sont rassemblé pour faire déborder les caniveaux et attaquer les Femen en dessous de la ceinture, en mettant notamment en cause l’une des porte-paroles du mouvement. Mais ces attaques se retournent vite contre leurs auteurs, tant le passé (ou le présent) de prostituée de l’une des membres éminentes des Femen s’inscrit dans la logique de leur combat pour un féminisme novateur et progressiste.

Au diable les misogynes ! Le féminisme du XXIe siècle ne se réduit pas à lire Simone de Beauvoir. Pour nombre d’entre nous, la prostitution est un moyen comme un autre d’affirmer haut et fort que notre corps nous appartient et qu’il n’est pas gratuit.

A la lecture des prestations de la Call girl qui représente les Femen en France, on comprend mieux la puissance de son engagement féministe :

-120 euros l’heure, 200 euros les deux heures, 250 euros l’heure supplémentaire (pourquoi le très phallocrate « travailler plus pour gagner plus » ne s’appliquerait pas aux femmes) et 800 euros la nuit (le travail de nuit est mieux payé, comme à l’usine).

-Visiblement inspirée de l’Île aux esclaves de Marivaux, la membre des Femen souhaite inverser les rapports de force et devenir active dans ses rapports sexuels. Elle accepte donc de faire des annulingus (lécher l’anus) à ses clients qui n’ont pas le droit de lui rendre la pareille. On est ici dans un féminisme plus radical, où les femmes veulent prendre leur revanche sur la société machiste.

-Évidemment, summum de l’égalitarisme homme/femme, la jeune femme pratique volontiers les 69.

-On peut également lire que l’activiste refuse les « porn star experience » (PSE) car en bonne féministe, elle refuse catégoriquement que des hommes puissent voir ses ébats sans la payer au préalable.

-Léchage et suçage de testicules et sperme avalé.

-Le refus de la sodomie est plus polémique : dans les années 1990, le féminisme considérait la sodomie comme un acte militant, pour que la femme ne soit plus du tout réduite à son statut de mère et pour qu’elle puisse jouir un maximum avec le plus de méthodes possibles. De nos jours  la tendance a quelque peu évoluée sur ce point, comme le confirme le choix hautement politique de la jeune femme. La sodomie est désormais considérée comme un caprice infligé par le conjoint à sa femme, qui cède pour faire plaisir à son homme, reproduisant inconsciemment le schéma de domination archaïque. En refusant la sodomie, la call girl de Femen dit « Non ! » à la toute puissance masculine et aux diktats des magazines, qui forcent les femmes à être des objets sexuels pour leurs époux…

Les contradicteurs diront qu’il est paradoxal de dénoncer la marchandisation du corps de la femme et d’être en même temps prostituée. Ils se trompent : en fait c’est devenu le must du féminisme, qui consiste désormais à utiliser de tous ses atouts pour mettre les hommes à genoux. N’y a-t-il rien de plus rétrograde et de misogyne qu’une femme qui accepte docilement d’avoir un rapport sexuel avec un homme sans lui soutirer le moindre euro ?

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