Gaza-Israël : la solution à deux Etats tient-elle toujours ?

La nouvelle guerre entre Israël et le Hamas remet au cœur du débat la solution à deux Etats. Ce principe des accords de paix d’Oslo se heurte aujourd’hui à des obstacles plus politiques que géographiques. Pourtant, il demeure le seul moyen de résoudre cette crise, qui s’éternise.

La guerre du Hamas contre Israël, débutée le samedi 7 octobre 2023, a relancé l’idée de la création de deux Etats indépendants. L’un palestinien (arabe) et l’autre israélien (juif). Evoquée pour la première fois par les Nations unies en 1947, cette solution a été gravée dans le marbre lors du processus de paix d’Oslo en 1993, marqué par la poignée de main historique entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat.

Joe Biden et Emmanuel Macron y sont favorables

Pour faciliter le partage des terres, imbriquées à cause des colonies juives de Cisjordanie et l’enclave arabe de Gaza, les Palestiniens ont proposé un échange de territoires correspondant à environ 2 % de la superficie de la Cisjordanie. Quant aux Israéliens, ils acceptent un échange de l’ordre de 6 %. Malheureusement, cette idée de deux Etats n’a jamais pris forme. Aujourd’hui, à la faveur de l’attaque du Hamas, elle est à nouveau mise sur la table.

Notamment par les Etats Unis et la France, grands alliés de Tel Aviv. En effet, Joe Biden a affirmé sa « détermination » en faveur de la création de deux Etats, à l’occasion d’un voyage en Israël. De son côté, Emmanuel Macron a réitéré son soutien à cette solution, en plaidant pour la sécurité des Israéliens. Mais les principaux acteurs du conflit n’ont plus vraiment la tête à cette option depuis les récents évènements.

Palestiniens et Israéliens de moins en moins convaincus

Selon une étude américaine du Pew Research Center, seuls 35 % des Israéliens croient encore à la solution à deux Etats. C’est le niveau le plus bas à ce jour. Du côté des Palestiniens, seulement 33% trouvent viable la solution à deux Etats. Leur scepticisme repose sur l’expansion des colonies juives en Cisjordanie. De plus en plus radicalisés, ils seraient 53 % à privilégier une lutte armée pour récupérer les terres qu’ils estiment siennes.

Du côté des Israéliens ont fait valoir la sécurité comme principale raison au refus de la création d’un Etat palestinien. On pointe également des raisons pratiques. Notamment le tracé des frontières. Il y a aujourd’hui une forte occupation de la Cisjordanie. Les Colons ont construit des maisons, des routes, des universités et parfois des villes entières, qu’il sera difficile d’abandonner. Aussi faudra-t-il décider du sort de ce demi-million de colons.

La solution improbable d’un Etat unique

En outre, il existe la question de la division de Jérusalem, une ville revendiquée comme capitale par les deux camps et considérées comme sainte par les 3 religions révélées (Judaïsme, Islam et Christianisme). Actuellement, elle est officiellement coupée en deux, avec Jérusalem ouest pour les Israéliens et Jérusalem est pour les Palestiniens. Pis, le quartier appelé « Vieille Ville » reste impossible à partager car s’y superposent les lieux saints des 3 religions.

Par ailleurs, il faudra résoudre la question du retour des Palestiniens exilés, auquel s’oppose Israël. A côté de tout ceci, on a une solution plus incroyable, celle d’un Etat unique. Mais là encore il y a des oppositions au sein des deux communautés. Surtout au niveau des Israéliens, la droite israélienne en particulier, pour qui cette idée est en contradiction avec celle d’un Etat juif. Le Hamas aussi rejette cette solution car son but ultime est la destruction de cet Etat hébreu.

De la nécessité d’un interventionnisme international

Le véritable problème se trouve donc au niveau politique, et non géographique. On peut toujours s’entendre sur les frontières en cédant çà et là des terres. Par contre, il parait difficile de changer les positions politiques très radicalisées. La communauté internationale, Etats Unis et Union européenne en tête, pourrait toutefois faire plier les uns les autres. Principalement en adoptant des mesures de rétorsion en cas de refus de concessions significatives. Ces sanctions devraient pousser les belligérants à la table des négociations. Encore faut-il déconstruire les alliances historiques…

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