Le genre de la boxeuse championne olympique fait à nouveau polémique, entre fake news et amalgames savamment orchestrés.
Le cas d’Imane Khelif divise depuis 2023. La boxeuse algérienne, qui a toujours affirmé être une femme, avait été disqualifiée des championnats du monde de boxe à New Delhi par l’International Boxing Association (IBA).
La raison invoquée ? Un test génétique révélant des chromosomes XY, ce qui lui conférerait selon l’instance un avantage compétitif sur ses adversaires. Près de deux ans plus tard, début juin 2025, plusieurs médias ont relancé la polémique en évoquant une supposée « révélation ».
Ils se basent sur les résultats d’un prétendu rapport médical indien qui prouverait, selon le site sportif américain « 3 Wire Sports », la présence d’un « karyotype masculin » chez la championne olympique de 26 ans.
Le journaliste Alan Abrahamson, auteur de cet article, s’appuie sur un document daté de mars 2023 et défend une position ferme : « L’identité n’est pas la biologie. Prétendre le contraire, c’est non seulement se moquer de toute notion d’équité mais, dans le cas de la boxe, risquer des blessures graves ou pire ».
Un emballement médiatique disproportionné
De quoi remettre une pièce dans la machine à controverses. Le Journal du Dimanche (JDD) va jusqu’à parler d’un « séisme dans le monde de la boxe ». Mais à y regarder de plus près, cette prétendue révélation n’a rien d’exceptionnel.
Comme le souligne CheckNews, le site de fact-checking du quotidien Libération, l’authenticité du document sur lequel se fonde Alan Abrahamson reste invérifiable, le journaliste se bornant juste à défendre le contraire. Surtout, ce qu’il présente comme une « révélation » n’en est pas vraiment une.
L’IBA avait en effet déjà communiqué dès juillet 2024 sur la disqualification d’Imane Khelif et de la Taïwanaise Lin Yu-ting des Championnats du monde 2023, évoquant des tests chromosomiques. En novembre 2024, un autre rapport médical franco-algérien avait été divulgué, mentionnant un caryotype 46 XY et une condition intersexe.
L’intersexuation niée au profit d’une vision binaire obsolète
Derrière ces « révélations », se cache une réalité médicale bien plus complexe que ne le laissent entendre les titres sensationnalistes. Comme l’explique Anaïs Bohuon, sociologue et historienne du sport interrogée par Checknews, les éléments décrits correspondent « tout simplement aux caractéristiques d’une personne intersexe ».
Cette réalité biologique complexe concerne des personnes présentant des variations naturelles du développement sexuel qui ne correspondent pas aux définitions typiques du masculin ou du féminin. Soit 1,7 % des naissances.
« En concluant qu’il s’agit d’un homme, il s’agit d’une négation totale et absolue de l’intersexuation », souligne la chercheuse. Cette approche réductrice ignore délibérément la complexité biologique du sexe, qui ne se limite pas aux seuls chromosomes.
Le timing de cette nouvelle polémique, quelques jours seulement après l’annonce le 30 mai par la nouvelle fédération internationale World Boxing, de l’introduction d’un test génétique PCR obligatoire pour tout athltète de 18 et plus, afin de déterminer « le sexe à la naissance et l’éligibilité à concourir », interpelle.