Amiante : la kafkaïenne mise en examen de Martine Aubry

Le principe de précaution finira-t-il par avoir raison de la politique ? N’est-ce pas déjà le cas ? La mise en examen de Martine Aubry dans le procès de l’amiante, trente ans après les faits, a de quoi faire frémir… Et pétrifier toute personne à qui viendrait en tête l’idée de servir la cause publique.

On peut penser ce que l’on veut de Martine Aubry. Socialiste idéologue empêtrée dans des schémas de pensée anachroniques ? Certes… Mais de là à la faire comparaître devant un tribunal pour « homicide involontaire », il y a un pas que seule une juge obtuse, s’appuyant sur le sacro-saint principe de précaution, pouvait franchir.

Que reproche-t-on finalement à Martine Aubry ? D’avoir été aux affaires au mauvais endroit et au mauvais moment. A cette époque, forcément grise, où les dangers de l’amiante commençaient à être évoqués sans que les pouvoirs publics n’en aient encore pris la pleine mesure.

A l’image de ces maires, renvoyés en Assises après un accident dans un square, Martine Aubry sert de fusible judiciaire pour éponger la soif de vengeance des familles de victimes. C’est bien connu : il y a toujours un responsable, un coupable (quitte à devoir le fabriquer avec trente ans de retard)… et les politiques jouent à merveille le rôle de l’agneau sacrificiel.

La maire de Lille est mise en cause pour son rôle en tant que directrice des relations du travail (DRT) de 1984 à 1987. Elle aurait, selon la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, « tardé à transposer  la directive européenne de 1983 qui renforçait la protection des ouvriers ».

Mazette… Et Martine Aubry, trente ans plus tard, de passer huit heures d’audition à devoir se justifier sur cette « réponse tardive » qui concerne au moins autant ses services de l’époque que sa petite personne. Huit heures d’audition et une mise en examen pour conclure la soirée.

Grâce au ciel, Martine Aubry demeure un pur produit du socialisme triomphant et s’est autorisée à ajouter une pincée de tartuferie à ce mauvais bouillon kafkaïen. Car, non contente de l’accuser d’homicide involontaire, la juge Bertella-Geffroy affirme également l’ancienne Première secrétaire du Parti socialiste aurait agi sous pression des industriels du secteur.

Une accusation qui fait s’étrangler d’indignation Martine Aubry. Qu’on l’accuse d’avoir tué des centaines de personnes passe encore… mais qu’on remette en cause sa fibre prolétarienne… N’en jetez plus, la coupe est pleine !

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