Le candidat d’extrême droite à la présidentielle a une nouvelle fois travesti la réalité à propos de la proportion d’enfants d’immigrés dans la région de l’Île-de-France.
À chaque échéance présidentielle, la question de l’immigration revient en France tel un serpent de mer. Chaque prétendant à l’Élysée y allant de ses exégèses sur le sujet. Quitte à mentir sur la vérité immuable des chiffres. C’est le cas d’Éric Zemmour, désormais candidat au scrutin d’avril prochain.
Dans un débat contradictoire, jeudi 9 décembre, face au ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur France 2, l’ancien journaliste du Figaro a ainsi affirmé sans gêne que 80 à 90% des personnes âgées de 0 à 18 ans résidant dans la banlieue de Paris sont originaires d’Afrique ou du Maghreb. Il cite pour donner du relief à son propos, des données tirées d’une étude de France Stratégie, une institution autonome en lien avec la primature.
Fourre-tout grotesque
Mais il apparaît après vérification de l’AFP que Zemmour a détourné le travail scientifique d’honnêtes gens pour servir des desseins personnels. Clément Dherbécourt, un des auteurs, a notamment indiqué que le rapport paru en juillet 2020 et destiné à évaluer l’état de la ségrégation résidentielle dans l’Hexagone n’avait en aucun cas abordé la situation des jeunes d’origine maghrébine ou africaine de la banlieue parisienne. Il a tout juste évoqué la situation des enfants issus de « l’immigration hors européenne » dans les régions les plus peuplées de l’Île-de-France.
L’expression » hors européenne » est très importante, car elle élargit l’horizon des immigrés concernés au-delà de la catégorisation africaine ou maghrébine, qu’a voulu induire Zemmour à travers ses affirmations. C’est dire le fourre-tout grotesque dont se rend coupable la figure d’extrême droite dans sa tentative d’instiller dans l’opinion française la théorie du grand remplacement.
Faux chiffres
Les chiffres relevés dans l’étude de Stratégie France sont par ailleurs de 37,4% ainsi que l’a fait remarquer une source à l’AFP. Autant dire très loin des 80-90% balancés par le candidat à la présidentielle à la télévision.
Zemmour a donc faux sur toute la ligne. Ce qui n’est pas une surprise au regard de la propension de l’ancien chroniqueur de Cnews à grossir les faits, surtout en matière d’immigration. Son dernier livre « La France n’a pas dit son dernier mot » paru mi-septembre vend ainsi à longueur de pages l’idée d’un pays envahi par les « étrangers ». Alors que la part d’immigrés en France en 2020 était de 13%, selon l’OCDE. Loin de l’Allemagne voisine par exemple qui en compte 16%.