Terres rares : la riposte américaine à China Rare Earth Group !

Dans une carrière, à Atlanta, aux Etats Unis.

 

Le Sénat américain a présenté jeudi un projet de loi visant à réduire la dépendance des Etats Unis à l’égard de la Chine sur les terres rares. Cette nouvelle législation compte principalement tirer parti du Quad, une alliance stratégique entre les Etats Unis, l’Australie, le Royaume-Uni, le Japon et l’Inde. Elle intervient quatre mois après la création, par Pékin, de China Rare Earth Group, une méga-entreprise censée renforcer la domination chinoise sur cette industrie.

Pékin a une nouvelle arme pour sa guerre commerciale contre Washington

Pour réduire la dépendance américaine à l’égard de la Chine sur les terres rares, le Sénat américain a présenté, le jeudi 31 mars 2022, un projet de loi censé tirer parti du Quad. Il s’agit d’un partenariat commercial entre les Etats Unis, l’Australie, le Royaume Uni, l’Inde et le Japon. Voulue par Joe Biden, cette alliance repose sur des engagements réciproques pour consolider les chaînes d’approvisionnement et les principes démocratiques. Elle est dirigée contre la Chine, qui domine l’industrie des terres rares avec 57% de la production mondiale. Washington craint que Pékin s’en serve comme une redoutable arme dans leur guerre commerciale.

Intitulée « Quad Critical Minerals Partnership Act », la nouvelle législation doit concrètement permettre et faciliter l’investissement ainsi que le développement partagé des ressources. Elle doit aussi soutenir de nouveaux projets de développement de technologies de production et d’installations de raffinage, en coordination avec les partenaires. Washington considère l’atteinte de ces objectifs d’autant primordial que la Chine finance massivement son industrie des terres rares et possède un puissant réseau de raffinage de produits bruts.

60 à 70 % de la production nationale de terres rares lourdes

Le projet de loi américain constitue une riposte à la création, par le gouvernement chinois, de China Rare Earth Group. Cette méga-entreprise est née de la fusion des principaux producteurs de terre rare nationaux (chinois (Aluminum Corporation of China, China Minmetals, Ganzhou Rare Earth Group) et de deux sociétés de recherche (China Iron & Steel Research Institute Group et Grinm Group Corporation Ltd). Elle pèse 60 à 70 % de la production nationale de terres rares lourdes et 30% de la production nationale de terres rares légères.

Dirigée par la Commission de supervision et d’administration des actifs (SASAC), qui détient une participation majoritaire de 31,21% de l’ensemble, cette compagnie doit permettre à Pékin de contrôler les prix et mettre fin à la cacophonie à ce niveau. Avant la consolidation, chaque acteur fixait ses tarifs pour contrer la concurrence. Cela a conduit à l’instauration de prix bas de gamme et provoqué des pertes de recettes immenses pour l’Etat chinois.

Vers la création d’un autre géant chinois

Grâce à China Rare Earth Group, l’empire du milieu va surtout pouvoir stabiliser ses approvisionnements et renforcer sa domination sur la production mondiale. Il détiendra ainsi un levier de pression dans les futures discussions commerciales. Les Etats Unis le savent très bien, eux qui dépendent déjà à 80 des approvisionnements chinois (90% pour l’Union européenne).

Washington court donc vers une hyper-dépendance qui l’effraie. La Chine, elle, continue sereinement de réglementer son industrie en imposant un quota d’exportation. Elle supervise aussi l’évolution des prix pour les rendre raisonnables. Pour mieux asseoir sa suprématie, Pékin prévoit maintenant de créer un autre géant des terres rares au nord, après China Rare Earth Group au sud.

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