En France, la spirale des faillites d’entreprises

Le nombre de sociétés en défaillance sur le territoire français continue d’augmenter en ce début d’année, signe que ce phénomène s’installe dans la durée. Une tendance inquiétante dans un contexte économique mondial déjà marqué par une forte instabilité.

C’est une donnée dont le ministre de l’Économie et des Finances n’avait vraiment pas besoin en ce moment, lui qui se trouve déjà pris entre l’enclume du budget au plan national et le marteau de l’offensive douanière américaine à l’international.

Selon le Centre national des administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires (CNAJMJ), spécialisé dans la gestion des entreprises en difficulté, près de 18 000 entreprises sont entrées en procédure judiciaire au premier trimestre 2025.

Cela représente une hausse de 2,3% par rapport à la même période en 2024. Une tendance confirmée par le groupe Allianz Trade qui, d’après Le Monde, constate également de son côté une augmentation de 2% des défaillances sur les trois premiers mois de l’année.

L’année 2024 avait déjà établi un record avec près de 66 000 sociétés en défaillance. Un chiffre bien supérieur aux 51 000 enregistrées en 2019, avant la pandémie. C’est dire que le phénomène semble aller crescendo.

Entre espoir de stabilisation et craintes

Pourtant François Desprat, président du CNAJMJ préfère parler, comme l’indique Le Monde, de « stabilisation » après la hausse de 17% observée l’an dernier. Un constat que le groupe Allianz Trade ne partage pas.

D’après l’assureur-crédit parisien, ce mauvais début 2025 pourrait même conduire à « un nouveau record historique cette année, aggravé par le risque de guerre commerciale ».

Cette prévision s’appuie sur plusieurs facteurs, dont une croissance anémique (seulement 0,1% attendu au premier trimestre), l’obligation de rembourser les prêts garantis par l’État contractés pendant la crise sanitaire, ou encore la reprise des assignations par le fisc et l’Urssaf.

À ces difficultés s’ajoutent les incertitudes géopolitiques, notamment la bataille des droits de douane déclenchée par le président américain Donald Trump. Le CNAJMJ quant à lui, fonde son optimisme sur la hausse – 2 315 contre 2 119 un an plus tôt et seulement 1 516 en 2022 – des recours aux procédures de prévention (conciliation ou mandat ad hoc).

Nouvelle cartographie des secteurs en souffrance

« C’est plutôt bon signe, car cela montre que les entreprises prennent les devants quand elles voient venir les difficultés« , souligne François Desprat auprès du quotidien du soir, alors que plus de deux entreprises sur trois passées par ces dispositifs préventifs parviennent à surmonter leurs difficultés.

Si la construction, l’immobilier et le commerce, particulièrement touchés en 2024, semblent reprendre un peu de souffle, d’autres secteurs plongent à leur tour dans la tourmente. C’est le cas des usines avec 165 entreprises (hors très petites entreprises) touchées par une défaillance au premier trimestre.

Soit une augmentation de 10%. Ce secteur, déjà mis à mal par des années de désindustrialisation, fait face à des défis majeurs : coûts énergétiques élevés, concurrence internationale féroce et difficultés d’approvisionnement.

L’hébergement-restauration suit avec 124 faillites enregistrées depuis janvier, dont les deux tiers pour la restauration traditionnelle, tandis que la restauration rapide compose le reste.

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