L’administration Trump lance dans les prochaines semaines un programme pilote controversé qui pourrait exiger des cautions pour certains visas touristiques et d’affaires.
Vous serez peut-être bientôt obligé de verser une garantie financière en plus des frais de demande de visa, avant d’entrer aux États-Unis. C’est ce qu’indique une mesure annoncée lundi 4 août dans un avis gouvernemental.
Selon le texte, les demandeurs d’un visa touristique ou d’affaires américain en provenance de certains pays devront verser une somme comprise entre 5 000 et 15 000 dollars au Trésor. Les fonds déposés seront restitués aux voyageurs qui respectent scrupuleusement les termes de leur visa et quittent le territoire dans les délais impartis.
Ce programme d’un an, dans le cadre de cette phase expérimentale, confère aux agents consulaires américains le pouvoir discrétionnaire d’imposer ces cautions financières aux visiteurs provenant de pays présentant des taux élevés de dépassement de visa.
À cet effet, l’Afghanistan, Haïti, la République du Congo, la Guinée équatoriale, le Tchad, le Soudan et le Myanmar figurent parmi les pays présentant les taux de dépassement de visa les plus élevés ces dernières années, d’après un rapport des services douaniers et de protection des frontières transmis au Congrès et cité par le Wall Street Journal (WSJ).
Une nouvelle barrière migratoire
La mesure s’applique également aux ressortissants de pays où les procédures de contrôle et de vérification sont jugées insuffisantes par les autorités américaines.
Elle s’inscrit dans ce que les autorités qualifient de « pilier essentiel de la politique étrangère de l’administration Trump pour protéger les États-Unis de la menace évidente à la sécurité nationale que représentent les dépassements de visa et les défaillances dans les procédures de contrôle et de vérification ».
Cette initiative constitue, en somme, une nouvelle barrière à l’entrée sur le territoire américain. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a intensifié sa lutte contre l’immigration illégale, conformément à ses promesses de campagne.
Les chiffres témoignent de cette politique restrictive : au 20 juin, 56 000 personnes se trouvaient en détention, soit une augmentation de 40 % par rapport à juin 2024, selon Le Monde.
Une mesure déjà décriée
Cette stratégie de dissuasion financière soulève néanmoins de nombreuses interrogations. Pour des ressortissants de pays en développement, verser jusqu’à 15 000 dollars représente souvent plusieurs années de salaire moyen.
Cette somme, même temporairement immobilisée, pourrait rendre les voyages aux États-Unis tout simplement inaccessibles pour de nombreuses personnes, transformant dans les faits le système en mécanisme de sélection sociale et économique.
« Je pense que ce sera un peu injuste envers les visiteurs parce que c’est beaucoup d’argent pour eux. Normalement, quand vous venez ici pour 10 ou 15 jours, vous dépensez peut-être 4 000 ou 5 000 dollars américains« , témoigne Gulam Ascar, un Britannique en visite à New York, interrogé par Reuters.
« Si nous perdons ces voyageurs, si ces voyageurs choisissent d’aller vers d’autres destinations, notre balance touristique va se dégrader, nos petites entreprises vont souffrir, et l’économie américaine va en prendre un coup« , s’inquiète Jeff Freeman, dirigeant de l’US Travel Association, principale organisation représentant l’industrie touristique américaine.