Epstein : la liste qui n’existait pas

Le Département américain de la Justice fait machine arrière à propos d’une supposée liste compromettante sur des complices du criminel sexuel new-yorkais, portant un coup fatal aux théories du complot sur cette affaire.

Le ministère américain de la Justice affirme qu’il n’existe aucune « liste de clients » compromettante de Jeffrey Epstein, et que les enquêtes approfondies n’ont révélé aucun élément justifiant de nouvelles révélations publiques.

« Aucune preuve crédible n’a été trouvée qu’Epstein faisait chanter des individus éminents« , peut-on lire dans un mémorandum publié lundi 7 juillet par le DOJ et le FBI. Pour comprendre la portée de cette déclaration, il faut se tourner vers la réaction d’Elon Musk, ancien allié du président Donald Trump.

Sitôt après l’annonce des autorités, l’homme d’affaires désormais en froid avec l’administration américaine a publié un mème dépeignant celles-ci comme des clowns. Cette critique humoristique résume parfaitement l’évolution d’une affaire mêlant théories du complot, accusations non fondées et promesses en l’air.

En effet, pendant de nombreuses années, des proches collaborateurs de Trump, alors dans l’opposition, ont nourri diverses conjectures au sujet de la prétendue existence d’une liste de hautes personnalités complices de Jeffrey Epstein, accusé de trafic sexuel avant son suicide en août 2019.

De la théorie à la réalité

Kash Patel avait ainsi sommé, avant la présidentielle de 2024, les républicains de la Chambre de faire pression de tout leur poids sur le FBI – qu’il dirige désormais – afin que les documents soient rendus publics.

« Prenez vos responsabilités et dites-nous qui sont les pédophiles. Nous avons une élection qui arrive et nous devons trancher cette affaire dans les urnes. Dieu sait que le FBI et le ministère de la Justice ne vont rien faire« , avait déclaré celui qui est connu pour avoir propagé des théories du complot sur le Covid, l’État profond et le scrutin présidentiel de 2020 perdu par Donald Trump.

En février dernier, la procureure générale Pam Bondi déclarait pour sa part, lors d’une interview sur Fox News, que « la liste des clients de Jeffrey Epstein » se trouvait littéralement sur son bureau, prête à être examinée.

Un soupçon de promesse non tenue

De quoi susciter de l’espoir au sein de la galaxie MAGA (Make America Great Again) – le slogan présidentiel –, dont certains membres sont convaincus de l’existence d’un système de soutien aux actions criminelles d’Epstein au plus haut niveau de l’État.

Aujourd’hui en poste, ces mêmes responsables adoptent un ton beaucoup plus sobre, provoquant la colère des partisans de Donald Trump. « Bientôt, le ministère de la Justice va dire ‘En fait, Jeffrey Epstein n’a jamais existé’. C’est écœurant au plus haut point« , a fustigé Alex Jones, animateur radio.

« Le peuple américain et la base MAGA ne toléreront pas qu’on leur mente« , a déclaré Laura Loomer, influenceuse très proche de Trump, illustrant la fracture qui s’opère au sein même du mouvement trumpiste, entre les responsables gouvernementaux confrontés à la réalité des dossiers et une base militante nourrie de théories du complot.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.