Pourquoi considérer la France comme un des moins pollueurs de la planète est une contre-vérité

Une confusion savamment entretenue par de nombreuses autorités françaises consiste à déconsidérer la responsabilité historique du pays dans la pollution atmosphérique afin de le hisser en modèle de préservation du climat.

« On est parmi les pays d’Europe ayant le moins d’émissions de CO2 par habitant. (…) La France c’est 1% des émissions mondiales. On tient notre part ». Ainsi se décline l’argumentaire d’Emmanuel Macron sur la responsabilité de l’Hexagone dans la décarbonation, seul gage à ce jour, d’un climat sain.

Le chef de l’État français s’exprimait ainsi le 4 septembre dans le cadre d’un entretien réalisé avec le Youtubeur Hugo Travers. La teneur des propos du patron de l’Élysée étant destiné à exonérer le France de l’état actuellement désastreux de la planète.

Après tout, le pays est depuis quelques années, dans une logique d’amoindrissement de ses émissions gaz à effet de serre, réputés climaticides par consensus scientifique unanime.

Un biais important

À cet effet, l’Agence internationale de l’énergie chiffre à 403,8 millions de tonnes le nombre de dioxydes de carbone français rejeté dans l’atmosphère en 2022. Soit environ 1% des émissions mondiales estimées à 36,8 milliards de tonnes, comme l’indique justement Emmanuel Macron.

Reste que l’état du climat est moins dû aux émissions actuelles qu’à l’ensemble de ce que le monde a pu rejeter comme CO2, notamment depuis la période préindustrielle. D’autant que les gaz à effet de serre demeurent, selon des études menées par la Nasa, entre 300 et 1 000 ans dans l’atmosphère.

De ce point de vue, claironner que la France n’émet que 1% de dioxyde de carbone dans la nature afin de la faire paraître en modèle de vertu du climat relève à minima d’un biais, voire d’une malhonnêteté intellectuelle.

Lourd passif historique

Car la France a un lourd passif climatique à assumer sans faux-fuyants, en tant que nation dite développée. Sa prospérité économique témoigne de ce fait, d’une véritable mise à l’épreuve du climat au fil des années.

À preuve, des données du site web britannique Carbon Brief situent le pays au 12e rang des plus gros pollueurs de tous les temps. Des études considérant la période allant de 1850 à 2021.

Emmanuel Macron ferait donc mieux d’évoquer l’enjeu climatique dans sa globalité au lieu d’emboucher la même trompette qu’une certaine vision étriquée. Eric Zemmour du parti Reconquête, Jordan Bardella du Rassemblement national répètent tous à l’envi l’argumentaire du « 1% des émissions ».

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