Fellation forcée à 11 ans : beaucoup de bruit pour quoi?

Un juge des enfants a été chargé depuis le mois d’août d’enquêter sur des agressions sexuelles qui auraient été commises en juillet dernier par un enfant de onze ans sur deux autres dans un camp de vacances situé sur l’île de Nabinaud en Charente.

Prière de ne pas céder aux appels de la gaudriole. Interdit de rire. Merci de ne pas minimiser l’ampleur du subséquent traumatisme. La sexualité des enfants est l’un de ces sujets épineux qui impose la circonspection.

Surtout que les médias qui ont relayé cette affaire sont loin d’avoir donné tous les détails qui permettraient de s’en faire une idée claire.

Des fellations auxquelles des bambins auraient été contraints par un troisième, trois nuits de suite, voilà à quoi se résument toutes les précisions de la dépêche AFP.

La « contrainte » exercée était-elle physique où psychologique ? S’agit-il véritablement d’autre chose qu’un banal touche-pipi ?

Que vaut la parole des enfants ? Le jeune agresseur présumé a-t-il reconnu les faits ? Son âge lui permet-il d’être conscient de ce que ça représente ?

Que réclament au juste les parents des victimes ?

En des temps où la suspicion de pédophilie a le vent en poupe, auraient-ils préféré que, sous chaque tente du camp de vacances, un adulte assure nuitamment la surveillance de ce qui se passait dans les slips des enfants ?

Autant de questions qui resteront sans réponse.

Mais alors, sinon pour émoustiller ensemble puritains et obsédés, quel est donc l’intérêt de l’AFP à colporter une information aussi lacunaire ? Aucun.  A moins que ce fait divers ne soit symptomatique.

Tout va de barre en psy

La convocation devant un juge pour de jeunes enfants, la divulgation médiatique, les explications dans le cadre solennel et intimidant qu’est le bureau d’un tribunal, tout ça n’est-il pas plus traumatisant pour les victimes que les faits de départ ?

Jadis, de pareilles affaires auraient été tues ou réglées en famille ? C’était avant le règne triomphant des normocrates ?

L’époque a l’air d’en être convaincue : quoi qu’il arrive, il faut un procès et une cellule de soutien psychologique. Pourquoi pas, mais est-on sûr que l’adhésion à un pareil credo soit un progrès ?

Faut-il se réjouir que des affaires impliquant de jeunes enfants soient évaluées à l’aune du code pénal et d’une morale d’adultes ?

Le droit s’invite toujours plus avant dans la sphère privée. Ce faisant, ne donne-t-il pas une ampleur exagérée à ce qui, s’il ne s’en mêlait pas, resterait peut-être une expérience simplement marquante et désagréable.

Prouvera-t-on jamais que la prise en charge judiciaire et psychologique,  tout bien considéré, soulage les présumées victimes plutôt qu’elle ne leur nuit en les enfermant dans ce rôle et en soulignant la gravité de faits qui seraient peut-être d’autant plus aisément digérés qu’on ne les monterait pas en épingle ?

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