Sylvie Germain, victime de l’enfantillage des lycéens

Une élève sur sa copie.

 

Déroutés par un extrait du roman « Jours de colère » de Sylvie Germain, proposé à l’épreuve de français du baccalauréat, de nombreux candidats ont déversé leur frustration sur l’auteur avec un flot d’injures. Ces insultes seraient le reflet d’une espèce d’immaturité entretenue depuis plusieurs années dans la jeunesse, en particulier sur les réseaux sociaux.

La France est-elle en train de former une génération de fainéants et de violents ? Nous sommes bien tentés de répondre par l’affirmative après les récentes réactions des candidats au baccalauréat. Le jeudi 16 juin, bon nombre d’entre eux ont exprimé leur rage sur les réseaux sociaux après l’épreuve anticipée de français. Ils ont jugé très difficile, voire incompréhensible, le texte soumis en commentaire composé. Il s’agit d’un extrait du roman « Jours de colère » de l’écrivaine française a de Sylvie Germain. Non content de faire les grincheux, certains ont déversé un flot d’insultes sur l’autrice du « Livre des nuits » et de « Magnus » (prix du Goncourt des lycéens en 2005).

Ecole d’avant contre école d’aujourd’hui

La réaction disproportionnée de ces candidats au baccalauréat a été vivement critiquée par les Français dans leur ensemble. De nombreux adultes ont dit leur déception face à l’irrspect et à la violence de ces jeunes, qui n’auraient aucun goût de l’effort et du travail. Ils seraient le résultat logique d’une éducation nationale française ayant choisi le nivellement vers le bas et d’une politique nuisible de l’enfant-roi. Pendant trop longtemps, on les aurait habitués à la facilité et à la médiocrité avec pour seul objectif un taux de réussite de 100%. Voilà pourquoi bon nombre d’entre eux pleurnichent et se lancent dans des insultes dès qu’ils rencontrent une petite difficulté.

Immaturité et haine de la langue

Interrogé sur les injures et les menaces à son encontre, Sylvie Germain a déclaré dans une interview au Figaro que la réaction des candidats relève de l’enfantillage. Pour elle, ce comportement est aussi absurde qu’affligeant. La romancière regrette que « des élèves qui arrivent vers la fin de leur scolarité » montrent « autant d’immaturité, et de haine de la langue, de l’effort de réflexion autant que d’imagination, et également si peu de curiosité, d’ouverture d’esprit ». Elle est convaincue que ces élèves « veulent des diplômes sans aucun effort » comme ils en ont eu l’habitude depuis quelques années. « Quels adultes vont-ils devenir? », s’est inquiétée l’écrivaine.

Un recueil des meilleurs commentaires en préparation

Heureusement que tous les lycéens ne sont pas aussi fainéants et bornés que ceux qui se sont attaqué à Sylvie Germain. C’est la grande satisfaction de Françoise Cahen, professeure de lettres au Lycée Maximilien Perret à Alfortville (Val-de-Marne). Ce membre de l’Association française pour l’enseignement du français (AFEF) a indiqué sur franceinfo que les insultes proférées « sont un concentré de bêtise violente ». Elle se réjouit que cette réaction ne reflète pas la majorité des élèves qui « ne sont pas des abrutis illettrés comme on pourrait le croire ». Celle qui corrige les copies du baccalauréat dit avoir noté des analyses pertinentes et brillantes d’élèves géniaux. Elle réaliserait actuellement un recueil des meilleurs commentaires pour les envoyer à Sylvie Germain.

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