De récentes déclarations du nouveau président américain sont faussement interprétées dans le but de faire à une admission du trucage de la présidentielle de novembre 2024 en sa faveur.
Ou quand un des principaux propagateurs de fake news en devient à son tour une victime. Donald Trump aurait-il fraudé au scrutin du 5 novembre ayant consacré sa victoire sur la rivale démocrate Kamala Harris ? C’est ce que soutiennent certains de ses détracteurs sur les réseaux sociaux.
L’élue démocrate de la Chambre des représentants Jasmine Crockett s’est emparée, le 20 janvier 2025 sur X, d’une citation sonore du nouveau président pour suggérer qu’il aurait admis une manipulation de l’élection avec l’aide d’Elon Musk, le milliardaire propriétaire du réseau social et un des principaux contributeurs de la victoire « trumpienne ».
Le même jour, un nouvel utilisateur de la plateforme identifié par le site de fact-checking NewsGuard, s’est fendu d’une autre publication du même genre.
« Trump vient d’avouer qu’Elon a manipulé les ordinateurs de « décompte des votes » en Pennsylvanie pour s’assurer de sa victoire. Et dans un autre extrait, il affirme que l’élection a été truquée pour qu’il soit président pendant la Coupe du Monde et les Jeux olympiques de 2026 et 2028 », peut-on y lire.
De l’interprétation à la viralité
De quoi susciter plus de six millions de vues et au-delà de 94 000 mentions « J’aime » en une journée, comme l’a rapporté NewsGuard. Quant à la précédente publication attribuée à Jasmine Crockett, elle a bénéficié du même degré de viralité, avec 6,9 millions de vues et 133 000 mentions J’aime en deux jours.
Un emballement trop rapide. Car l’analyse des propos à l’origine de ces deux posts révèle une réalité bien nuancée. Lors d’un discours le 19 janvier à la veille de son investiture, Trump a effectivement mentionné les compétences d’Elon Musk en informatique et évoqué les ordinateurs de comptage des votes en Pennsylvanie.
Mais nul ne saurait dire s’il s’agissait d’un aveu de fraude ou non. « Il connaît ces ordinateurs mieux que quiconque », a notamment déclaré le nouveau locataire de la Maison Blanche, évoquant les efforts du milliardaire dans cet état clé.
Un vote à l’intégrité respectée
D’autant que, comme le souligne Matt Heckel, porte-parole du Département d’État de Pennsylvanie cité par NewsGuard, la non-connexion des machines de vote à Internet rend impossible toute manipulation à distance.
Par ailleurs, l’État maintient que l’élection s’est déroulée de manière sûre et sécurisée, avec des bulletins de vote vérifiés par les électeurs pour chaque suffrage exprimé. Quant à la référence de Trump à une « élection truquée », le contexte révèle qu’il parlait en réalité de l’élection de 2020, persistant dans sa contestation des résultats de ce scrutin.
Sa remarque s’inscrivait d’après NewsGuard, dans une digression sur la Coupe du monde 2026 et les Jeux olympiques de 2028, qu’il pourra superviser en tant que président grâce à son élection en 2024, une situation qui n’aurait pas été possible s’il avait remporté un second mandat en 2020.